C'était
novembre. Il faisait gris. Il paraît que la température peutinfluencer notre humeur...mais on peut toujours trouver le soleil
encapsulé dans une bouteille. Prendre un verre en bonne compagnie,
accompagné d'une bouchée, fait vite oublier le crachin dans l'air.
Il y
avait plus d'un verre cette fois-là...c'est peut-être un antipode à
Éduc'alcool (désolé, leur mission est pleine de sagesse), mais comme
un autre sage aurait dit: «La modération a bien meilleure goût»
surtout en modération. Nous étions loin de la civilisation. Nous avions la forêt endormie comme toile de fond. Nous avions l'isolement. Et nous
avions amené une expérience: une verticale d'un vin qu'on apprécie
déjà, le 'simple' Gewurztraminer de Hugel. Il y a une beauté dans
la simplicité, sauf qu'il y a ici paradoxe. L'apparente simplicité
cache une beauté complexe...
Nous
avions devant nous les millésimes 2007, 2006, 2005 et 2004 (on peut
voir les différences de couleur de gauche à droite respectivement
sur la photo ici-bas).
Aucun
vin n'était bouchonné ou semblait déceler un quelconque défaut.
Le
2004 est peut-être sur le déclin. Quoique l'équilibre est préservé
et la rondeur typique du cépage est encore bien présente. Il
démontre un nez très légèrement pétrolé et offre tout de même
une évolution intéressante à l'aération. Il fut agréable.
Le
2005 quant à lui offre une particularité de fleurs sauvages au nez.
Il y a une petite note toastée en bouche et il est plus fin et
délicat. Très agréable.
Le
2006 démontre le caractère le plus 'moelleux' des quatre. Il a un
nez plus gras et la bouche suit. Je dirais qu'il s'approche du
caractère du pinot gris avec un clin d'oeil aux vendanges tardives –
il serait intéressant de comparer les conditions de culture et
vendanges entre les années. L'acidité demeure tranchante ce qui le
maintient en parfait équilibre et fait de celui-ci le plus charmeur
des quatre selon moi.
Le
2007 est le plus contemporain et affiche une bouche racée avec une
droiture plus affirmée et lui aussi une belle acidité mais
d'avantage de 'tension', probablement dû à son âge.
Ils
étaient tous bons. Nous les avons dégustés avec quelques bouchées
de saumon fumé du Fumoir du Coteau; un accord fantastique et
incontournable.
La
conclusion de cette belle expérience est qu'on peut se procurer
beaucoup de plaisir à suivre l'évolution d'un vin qu'on aime à
prix raisonnable quand le cépage, le terroir et la production sont
de qualité.
Pour
la constance du bonheur qu'il procure à ce ratio qualité-prix:
P.S. Le gewurztraminer est un cépage qu'il faut apprivoiser. Les styles varient beaucoup et certains peuvent être assez exhubérents. Ils peuvent même être 'agressants' ou 'tannants' pour certain. Le style plus droit et sec maitrisé par Hugel le distingue selon moi. Les gouts du vin demeurent une préférence. Il n'y a rien d'absolu dans ce monde...