samedi 4 juin 2011

Moulin Touchais, 1996

Il me reste un bon morceau de fois gras dans le frigo que j'avais mis sous vide auparavant, une moitié d'un foi complet pour être plus précis...Il me regarde, il veut que je le mange. Comment résister!? Alors on organise une 'fête'. Une journée ordinaire se transforme en occasion spéciale. Car le foi gras, il faut le célébrer...

Je descends à la cave, tourne en rond...aucune de mes bouteilles m'inspire un accord. Pourtant, j'ai quelques bons Sauternes qui feraient bien l'affaire...des grands crus d'Alsace, j'aime mieux attendre, ils sont encore jeunes...un vieux Mas La Plana? Quoique l'accord soit audacieux et excellent, non, pas ce soir, j'ai envie de cet accord 'classique'. Je me résigne donc et remonte me 'plaindre' à ma conjointe qu'il faut que je sorte aller faire un tour à la SAQ...

Je suis devant les tablettes des vins liquoreux et mon regard tombe sur un Moulin Touchais 1996. C'est un vin blanc de Loire, appellation Coteaux du Layon, du Chenin en surmaturité. Il me regarde, il veut que je le boive. J'avais goûté un 1991 pour la première fois sans être éblouit. C'était bon mais pas chavirant. Je me souviens tout à coup d'un commentaire de Marc-André Gagnon sur Vin Québec. Ne disait-il pas que le 1996 était dans une classe à part? Je n'ai besoin de plus de motivation, l'instinct prend le dessus...

Arrivé à la maison, je constate qu'il me manque quelques ingrédients pour faire la salade de foi gras comme j'ai appris de mon oncle René. Je m'étais emporté pour la mission du vin que j'en ai oublié l'essentiel du repas. Pas question de ressortir! Pour le vin, ca va, mais j'ai quand même des victuailles pour 'improviser'...'Think! goddamnit! think!' (comme dirait Bruce dans Die Hard).

J'ai de la salade 'mâche' fraiche, ce qui est un bon départ. Faute de pomme j'ose caraméliser une mangue tranchée dans le whisky. Typiquement, je mettrais un rôti de pain blanc. Je remplace avec un pain frais multigrains acheté la veille légèrement grillé. D'habitude, des noix de pin complètent l'assiette. Vous avez deviné! Il ne m'en reste plus. J'agrémente donc avec des pacanes légèrement torréfiées. Et le moment que vous attendiez certes: j'ouvre la bouteille...

Aux premiers arômes, je sens René, sa cuisine, les parties de chasse, le Sauterne dehors sur le lac gelé, les vapeurs de cuisson des fêtes familiales de mon enfance...ces qualificatifs en déroutent certes plusieurs, mais pour moi, c'est l'image d'un vin spéciale. Je goûte. C'est 'fucking' bon. Pardonnez mon Anglais...Le sucré est fin, cette douceur de crème brûlé et sucre d'orge m'enchante. Il garde une belle acidité tranchante et c'est très long. Avec 13,5% d'alcool, ce n'est pas lourd. Je ne peux plus m'arrêter de le boire. Je suis indigne et ingrats, car je suis content que ma conjointe allaite...elle ne peut en boire beaucoup et ca en fait plus pour moi! C'est rare qu'un vin transcende le partage...

Le comble; il accompagne merveilleusement la recette de foi gras poêlé qui est, sans prétention, tout à fait réussie et exquise elle aussi. Et le lendemain, le peu qu'il reste est toujours aussi bon et très à propos en accompagnant un fromage 'Cantonnier' pour un 'ptit snack'.

Je retourne voir les commentaires de Marc-André. Il donne 4 étoiles sur 5. Nous sommes à peu près d'accord...je dois donner une note parfaite, un vin de cette trempe, je n'en croise pas souvent...

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