lundi 30 juin 2014

Monasterio de Las Vinas, Crianza, 2008


Je vais vendre le 'punch' dès le début car ce blog sera plus long que d'habitude: j'ai donné à ce vin bien commun un score de 3 coupes (la note la plus élevée selon mon système de notation utilisé ces jours-ci). Incrédule? Certains auront peut-être même une soudaine charge sanguine qui fait vibrer les émotions d'un opinion différent. «Mais qui est ce jeune ignare qui ose classer un grand cru de bourgogne plus bas qu'un vin commun d’entrée de gamme!?» C'est une réaction qui ne me surprendrait guère, spécialement de notre société qui idolâtre l'expert et le statut.


Une chose est certaine: je ne suis pas expert. Mais j'ai réalisé une chose que la plupart des amateurs de vin savent sûrement bien. Un grand vin est un vin mémorable et un vin ne peut être mémorable en lui seul si le contexte oppose ou limite son potentiel. Le grandiose transcende le contenu de la bouteille. C'est une confluence métaphysique qui se grave dans la mémoire comme un instant magique. Une bonne bouteille peut en être le catalyseur ou l'amplificateur, ou vice-versa, mais selon moi, c'est souvent «le verre qui fait déborder l'impression».   

 
L’appréciation du vin est une chose personnelle et bien complexe. La génétique [2], le ph de la salive, les expériences antérieures, le climat, la température du vin, l'heure de la journée, nos attentes, ce que l'on mange, où on est, la musique qui joue, les gens avec qui on partage ce moment; tout ça affecte notre perception. On a beau avoir la meilleure mémoire gustative et olfactive, l’irrationalité domine toujours les passions. Vous lirez 'Thinking, Fast and Slow' de Daniel Kahneman si vous croyez autrement.

Pour moi donc, un grand vin est un vin qui amplifie le moment. C'est un vin qui nous rend un peu mou dans les genoux car il stop le temps qui nous entoure afin de nous faire apprécier l'essentiel. C'est un vin qui centre notre être dans l'univers et nous fait vibrer de bonheur. J'oserais une hypothèse que c'est souvent dans la nouveauté qu'on découvre un tel grand vin. Il y a tellement de vins différents et encore plus de moments, que comparer l'unique devient une bataille parfois perdue d'avance selon moi.

Il faudrait bien que je parle de la bouteille un peu aussi j'imagine...

Il y avait la petite bague qui trônait au goulot indiquant la bénédiction du gourou Parker avec 89 points. Je ne l'avais pas achetée pour ça mais plutôt pour le prix – pour ma degustation de vins <$15. C'est une bouteille que nous n'avions pas ouverte finalement ce jours-là. Je l'amena donc pour une nuit de camping au sanctuaire d'oiseaux des Milles-Iles, un joli petit camping tranquille a moins de 2h de Montréal, pour accompagner le magret grillé au grand air. J'ai un aveu: je peux me passer de beaucoup de chose en camping, mais j’amène des verres Riedel Ouverture – pour reprendre les paroles d'un grand homme: Je ne m'exile pas volontairement pour pâtir! Donc dans ce verre, il y avait du fruit, un boisé soyeux, une longueur agréable, une plénitude et une digestibilité sans pareil pour ce petit prix. Mais surtout, beaucoup de bonheur et un moment mémorable...
Code SAQ :  00539528
CDN $12,50












Amenez-le en camping, vous m'en donnerez des nouvelles...
P.S. Si je le goûte à nouveau, lors d'une occasion différente, il se pourrait bien que ce vin mérite 2 ou même une seule coupe...il ne faudrait alors pas être surpris...

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