J’ai le gout d’écrire; le gout de
fuir, comme l’eau qui s’échappe de la neige au printemps. Après une absence
prolongée, les remords viennent m’arracher une explication. Je le fais pour
moi, pour colorer l’espace-mots d’impression et de contexte. Mais si cela te
plait, lecteur égaré, fidèle ou curieux, et bien tant mieux…
Le hiatus se rompt comme
l’inspiration profonde à la suite d’une presque-noyade. Je sors la tête de
l’eau un instant. Ce réflexe n’est pourtant pas garant de regain vers une
quelconque stabilité pérenne. Je dévale encore les remous de l’espace-temps. La
mouvance est ma constance…
Et puis le vin lui? Et bien je le
bois, tout simplement. Ça, je n’ai pas vraiment arrêté. Tout a commencé par un
été de lassitude, comblé de plusieurs rosés et blancs simples redondants de
plaisirs. Une simplicité de boire s’est installée, comme un parfum estival pour
l’âme. J’ai mis la curiosité scientifique sur pause. Et en même temps, la plume
généreuse du partage s’est tarie…ma curiosité a fait place au moment. Quand
ceci se produit, il n’y a plus de science : le moment se fait davantage
poésie. Et la poésie est une métaphysique intérieure – une sexualité
spirituelle. Et quand on vit ce moment, la seule façon de le partager vraiment
est dans le même espace-temps. Quand on le décrit, ça devient de la
masturbation de l’ego…et un simple écho d’une lointaine musique…il est déjà trop tard...alors il n’y a
pas vraiment plus à dire…
J’écrierai à nouveau sur le vin.
Mais mon rythme est devenu plus langoureusement chaotique, comme les strates de
sédimentation au travers des millénaires, bien définies, et parfois régulières,
mais aussi parfois avec une régularité irrégulière. À mes yeux, la complexité de
cette géologie est l’essence même de la beauté naturelle. Et je désire demeurer
le plus naturel possible…