mardi 6 juillet 2010

Le Vin Australien et Moi

Je dois avouer, si vous ne le saviez pas déjà, que je ne suis pas grand amateur de vin Australien. Certains acquiesceront de vive tête tandis que d’autres s’exclameront devant mon snobisme. Mais d’où peut bien venir cette mondanité ? C’est plutôt simple à la base, mais ca se complique par la suite…

J’ai été introduit au vin par mes oncles maternels à l’hiver de mes 14 ans. Ils servaient alors un Champagne, ou autre mousseux Champignois, lors d’un rassemblement familial, une fête. C’était une occasion spéciale, une opportunité de soudoyer les parents afin de corrompre le petit neveu et les nièces. Mes cousines, avant-gardistes, avaient déjà l’instinct du ‘girly-drink’ et réquisitionnaient un ajout de 7-Up pour rendre ce nouveau breuvage plus alléchant. On m’offrait aussi ces services de mixologie gratuitement, mais mes gènes de curiosité étant plus puissants que mes gènes de ‘suiveux’ (ou était-ce mes gènes d’alcoolique ?), je fus tenté de vraiment comprendre pourquoi les adultes aimaient tant ce breuvage, esprit scientifique oblige, et d’opter pour la boisson pure !

Ce fut donc une descente prématurée en enfer pour mon foi, car je pris gout assez vite à ce merveilleux élixir. Mes oncles devinrent mes premiers tuteurs et complices dans cette aventure gustative, et, pour revenir à nos kangourous, je fus (heureusement/hélas…choisissez votre propre aventure!) fortement influencé par leurs gouts…initialement.

Ceci dit, même avec leurs penchants inclus, je gardai une certaine, et même très grande ouverture d’esprit. Je suis à ce jour toujours rempli d’avide curiosité et vraiment peu de choses me froissent. Il doit y avoir un gène pour cela également…vous lirez Richard Dawkins…

Même si ce récit ne vous convient pas comme explication, j’espère que vous aurez tout de même bonne foi de mon objectivité face à ma subjectivité.

Le gout, c’est relatif. C’est plus relatif que la relativité même! Ca évolue. Plus on goute de choses différentes, plus notre gout se raffine pour des raisons tangibles. Quelqu’un qui me dit que le macaroni au fromage blanc est meilleur que le macaroni au fromage orange a un point. Il connaît sa préférence par rapport à deux choses. Mais il faudrait qu’il goute des bonnes pâtes fraiches au pesto maison, tomates séchées, herbes du jardin et parmesan râpé. Il ne mangerait plus jamais de macaroni au fromage! J’exagère, certes, mais pour nos papilles (et notre identité !) ca paye d’être ouvert et aventurier. On élargit nos horizons. On se découvre réellement. C’est la même chose pour le vin.

Après avoir gouté plusieurs cépages, plusieurs régions et plusieurs producteurs on commence à savoir reconnaître les différences ainsi que les qualités intrinsèques d’un bon vin, en plus de devenir davantage familier avec nos propres préférences. Je ne prétends pas être connaissant sur le vin, bien au contraire, je me considère toujours un amateur ignare.

Les vins Australiens sont souvent faits pour plaire, pour consommation rapide (les twist-caps le confirme! Seulement les meilleures exportations reçoivent le liège), sucre résiduel élevé, récolte mécanique, copeaux de bois, mélanges de parcelles, de régions, de terroirs. C’est un tourbillon incontrôlé (ok j’exagère…peu contrôlé) un peu fou, qui parfois ne semble pas avoir de fin. Ca se goute. Il manque souvent d’équilibre. L’équilibre c’est quand notre bouche est contente parce qu’il n’y a pas trop de telle ou telle chose ; c’est quand l’acidité s’harmonise bien avec notre salive, que le sucre ou autre élément olfactif ou gustatif ne rend pas le vin tannant et qu’on a toujours hâte à la prochaine gorgée…et ce jusqu’à la fin de la bouteille. Le seuil de tolérance ou de plaisir n’est évidemment pas le même pour tout le monde, alors c’est une question de perspective, mais aussi d’expérience. Et selon mon expérience, il me faut chercher plus longtemps pour trouver de bons vins provenant de l’Australie à des prix correct.

Je suis victime de mon terroir et bien heureux de l’être. Ceci dit, il y a de bons vins Australiens qui me plaisent…mais en moyenne je préfère la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal qui produisent une panoplie de produits beaucoup plus intéressants, agréables et abordables selon moi.

Je termine sur quelques commentaires…mes premiers !! qui sont inspirés en grande partie des revues de Michel Phaneuf ainsi que du site Vins Québec. Ce sont des produits que j’ai eut la chance de déguster sur place:



Le domaine de Rivendell est un petit vignoble tranquille qui existe depuis 1987. Il est situé dans le nord de la région viticole de Margaret River à 8km de la côte. Les vins de Rivendell ne sont pas disponibles au Canada.

Rivendell Shiraz 2006 (AU $18)
C'est comme se mettre le nez dans un bol de bleuets fraîchement cueillis. Atypique pour la région, agréable. 12 mois en barrique mais on perçoit à peine les notes boisées. 3/5

Rivendell Sauvignon Blanc 2008 (AU$18)
Belle acidité. Une note d'agrumes subtile avec un nez un peu floral. C'est digeste, ca se boit tout seul. Un bon sauvignon léger qui accompagnerait bien les salades. 3/5

Rivendell 2007 Pennington Cabernet Sauvignon (AU$28)
Arômes tertiaires de fruits cuits, de cuire, de tabac; une belle longueur qui me rappelle la réglisse noir, c'est la première fois que je goute cette saveur dans un vin (la plupart du temps ca ressemble plus à l'anis, donc plus épicé et moins 'cuit', moins sucré). C'est agréable, digeste. Des notes subtiles pétrolées. Un peu de mentholé. On mâche un caramel en finale. C'est un bon vin de contemplation. Manque peut-être un peu d’acidité pour accompagner la cuisine. Elevé 18 mois en barriques françaises mais le bois est bien intégré. Pourrait sans doute vieillir quelques années 3+/5


Le domaine d'Amberley fut fondé en 1985 et mis sa première vendange sur le marché en 1990. Le site fut choisit pour ses pentes abritées faisant face vers l'Est, un bon apport d'eau et un sol gravelé bien drainé. Le site est pittoresque et leur salon de dégustation très soigné. Amberley offre plusieurs vins tirés exclusivement des parcelles de Margaret River et vinifiés par Jeremy Hodgson. En Australie, ils sont réputés pour leur Chenin Blanc qui tire sur le sucré.

Margaret River Noblesse 2008 (AU$22.50)Une sélection de grains nobles. Intéressant. Les conditions le permettent dans cette contrée chaude et sèche? Il est décrit comme un vin de dessert complexe: "Brillant, doré avec des arômes de raisins confits, zest de citron et épices chaudes sur une texture visqueuse en bouche de pommes dorée et coings au four". Visqueux oui, mais je l'ai trouvé plutôt plantureux, médical, métallique. Ca goute l'électronique. Le sucré est sirupeux. Ca manque d’acidité. Peu satisfaisant. Devrait peut-être vieillir plusieurs années? 1/5

Amberley Vintage Sparkling Pinot Chardonnay 2003 (AU$35)
Méthode Champenoise. Il n'y a pas beaucoup de bulles (7 ans d'âge déjà), mais le pétillant est tout de même agréable en bouche, une belle amertume. Une attaque de crème brulée qui se transforme en finale de sucre d'orge au travers d'une trame subtile de pommes et poires compotés. C'est assez long, complexe, agréable. Pour le prix, c'est quand même épatant. 4/5




Penfolds Koonunga Hill Chardonnay
En général, j’aime bien les vins de Penfolds mais j’ai trouvé celui-ci plutôt insipide. Il ne reste pas beaucoup de fruit. Une longueur qui résonne la barrique. Pas le pire que j'ai bu. Pourrait être agréable comme vin de piscine pour les amateurs de Chardonnay boisés mais devient gommant à la longue. 2/5